La Chine aura décidément été au cœur de l’attention cette année. Préoccupations sanitaires, géopolitiques, commerciales, économiques… la liste est longue. Le resserrement règlementaire sur certains secteurs, et notamment celui de la technologie et de l’immobilier, tient en haleine les marchés et les investisseurs du monde entier.
Alors, la Chine serait-elle devenue une cible d’investissement non grata ?
Chacun y va de ses interprétations et inquiétudes. Les incertitudes qui entourent les décisions et surtout les réactions, ou absences de réactions, de Pékin restent nombreuses. Mais une chose est certaine : si l’on exclut la chute provoquée par la pandémie de Covid-19 en 2020, le pays n’a encore constaté ni ralentissement brutal de sa croissance, ni crise financière paralysante.
Reste la question de l’ESG, qui devient une préoccupation centrale des investisseurs ? Le sujet n’est pas dénué d’intérêt !
Certes, le pays reste largement dépendant du charbon ; il est responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais le gouvernement chinois est également celui qui affiche les plus grandes ambitions en termes de transition climatique : pic d’émissions avant 2030, neutralité carbone avant 2060 et réduction de l’intensité carbone de plus de 65% par rapport à 2005. Ajoutons à cela la volonté de réduire sa dépendance au charbon et d’augmenter la part des combustibles non-fossiles dans une consommation énergétique croissante, et l’on comprend facilement pourquoi la Chine est désormais le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables et l’électrification du transport. Les entreprises chinoises sont également de plus en plus sensibles à leur propre empreinte environnementale et plus ouvertes à l’intégration de normes ESG dans leurs pratiques.
Doit-on sourire de ces déclarations et y voir plutôt une poursuite de la stratégie de « soft power » que la Chine met en œuvre afin de transformer son image sur la scène mondiale ? Pas nécessairement.
Certes, les mesures annoncées peuvent paraître faibles au regard des besoins. Mais elles illustrent une prise de conscience du régime chinois sur l’importance de faire évoluer les modes de consommation et de production, afin de garantir une croissance durable au pays. Un fait d’autant plus flagrant lorsque l’on considère les difficultés que connaît le pays en termes énergétiques ces derniers temps.
L’explosion des prix du charbon et son rationnement préventif, pour assurer ses objectifs en termes d’émissions polluantes, force les gouvernements régionaux à imposer des coupures d’électricité. Ceci impacte notamment la grande industrie du Sud de la Chine et vient se répercuter non seulement sur l’économie chinoise mais aussi mondiale.
Or, si un gouvernement peut imposer des coupures de courant à sa population pour atteindre ses objectifs environnementaux ou cantonner la consommation de jeux vidéo des mineurs à trois heures par semaine, quelle limite y-a-t-il vraiment à sa capacité de transformation verte ? Avec quelles conséquences pour le reste du monde ? Normer l’ISR demeure un challenge de haute volée !