Enchère et contre tous

November 2024 | NEWS

Les maisons de vente aux enchères à Hong Kong connaissent un développement spectaculaire, illustrant la transformation de la « Cité-État » en un carrefour du commerce de l’art en Asie. Avec des investissements massifs de la part de trois grandes maisons internationales — Sotheby’s, Christie’s et Bonhams — qui y ont établi de nouveaux sièges régionaux, Hong Kong tente de braver la tendance à la baisse des ventes mondiales. Cette dynamique est particulièrement portée par l’attrait croissant des jeunes collectionneurs asiatiques.

Francis Belin, président de Christie’s pour la région Asie-Pacifique, souligne l’importance de Hong Kong en tant que centre névralgique : « La libre circulation des capitaux, des personnes et des marchandises en fait un lieu privilégié pour le commerce de l’art. » S’appuyant sur un environnement commercial favorable, une infrastructure moderne et une fiscalité attractive, Hong Kong, la région la plus autonome de Chine…, cultive son avantage concurrentiel dans le secteur.

Néanmoins, ce marché n’est pas sans défis. Les ventes mondiales ont chuté depuis le pic de la pandémie, Christie’s enregistrant par exemple une baisse de près de 50 % entre 2022 et 2024. Selon un rapport Artprice, les ventes en Asie ont diminué de 30 % sur la même période, malgré une demande toujours forte pour l’art contemporain. Le ralentissement économique chinois et la sélectivité croissante des collectionneurs sont des moteurs importants de cette contraction.

Mais les grandes maisons de vente misent sur la résilience du marché asiatique et l’appétit indéniable pour l’art, en particulier parmi les jeunes, puisque les moins de 40 ans représentent aujourd’hui 60 % des acheteurs d’art en Asie ; un chiffre en nette augmentation.

Le défi pour Hong Kong, au-delà d’une situation politique qui continue à susciter de la retenue, sera de transformer cette effervescence en un marché mature et durable. Traditionnellement, les ventes aux enchères y sont concentrées lors de grands événements annuels, mais l’ouverture de nouveaux espaces dédiés pourrait permettre d’étendre l’activité tout au long de l’année. Ce changement est crucial si la Cité-État veut devenir la référence sur le marché continental et rivaliser avec les géants anglo-saxons.

Alors que les entreprises du secteur commencent à diversifier leurs stratégies, les prévisions indiquent que le marché de l’art en Asie pourrait représenter jusqu’à 40 % du marché mondial d’ici 2030. Chaque chose en son temps, certes, mais la Chine a su démontrer, par le passé, une capacité à des développements fulgurants. Déjà centrale en Asie, Hong Kong pourrait donc se forger une place solide comme hub artistique, défiant certaines attentes et redéfinissant les contours du marché international.