L’« impact investing », cette forme d’investissement qui vise à produire des effets sociaux et environnementaux positifs en parallèle des gains financiers, a le vent en poupe. Une solution que d’aucuns attachent au microcrédit, qui permet aux populations exclues des réseaux financiers et bancaires d’accéder à des financements, pour lancer leurs propres activités entrepreneuriales ou artisanales.
En offrant aux populations les plus démunies l’accès à des capitaux, le microcrédit promet beaucoup : diminution de la pauvreté, réduction du chômage, création durable de richesse, stimulation de l’esprit entrepreneurial, et même revalorisation de la condition des femmes dans certaines régions du monde. Investir dans les institutions de microcrédit pourrait bien être l’investissement le plus impactant qui soit.
Du moins sur papier…
L’appréciation du microcrédit est aujourd’hui bien plus contrastée qu’à ses débuts. Ses taux d’intérêts, plus élevés que les taux d’emprunt traditionnels et qui dépassent parfois 30%, peuvent être vus comme usuriers. Ses modes de fonctionnement, aussi bien dans l’attribution des prêts que dans le recouvrement des intérêts, ouvriraient la porte au surendettement et à la dénaturation qui peut vite devenir un simple crédit à la consommation. Et au cœur de ce système, des intermédiaires qui tirent (majoritairement) leur épingle du jeu aux dépens non seulement de leurs débiteurs, mais aussi de leurs investisseurs.
Car le microcrédit reste une classe d’actifs, aux rendements souvent très faibles.
L’opposition entre investissement socialement responsable et dérive, majeure ou mineure, du système financier mondial, paraît trop extrême pour être pleinement satisfaisante. Le temps sera certainement le meilleur juge des bienfaits et/ou méfaits du microcrédit pour les membres les plus démunis de nos sociétés. Une chose ne changera cependant jamais : il y aura toujours ceux qui ont besoin d’aide, ceux qui veulent aider, et ceux qui veulent en profiter.
Il est donc primordial de ne pas plonger tête baissée dans de tels investissements, qui nécessitent, comme les autres, analyse et discernement pour identifier le bon grain de l’ivraie !