Selon une étude de KPMG et de l’université de Saint-Gall auprès de 87 établissements, le bilan 2018 du secteur bancaire privé suisse est plutôt décevant.
Le montant des actifs sous gestion n’a pas suffisamment augmenté, la croissance médiane des entrées nettes n’a pas dépassé 0,2% en 2018 et près d’un tiers des banques privées suisses affichent des performances faibles. La présence trop limitée sur les marchés en croissance rend difficile la conquête de nouveaux clients. Conséquence, leur part de marché sur le plan mondial est en recul.
Si, pendant longtemps, les banques ont justifié la faible croissance de leur activité par de nouvelles contraintes en termes de réglementation et de transparence, aujourd’hui elles n’ont plus cette excuse. Les stratégies adoptées n’ont, le plus souvent, pas généré la rentabilité et les volumes d’affaires espérés. Seulement 39% des banques privées suisses ont augmenté leur marge opérationnelle l’an passé. La rentabilité des fonds propres a reculé pour plus de la moitié d’entre elles, avec un rendement médian de 4,1% (bien en-deçà des 8 à 10% visés).
Dans ce contexte, la consolidation se poursuit. Sur les 18 derniers mois, le nombre d’établissements privés est passé de 108 à 101. Plus d’un tiers d’entre eux auront disparu d’ici 2025.
Etonnamment, dans ce marché en pleine reconfiguration, où la transparence mondiale a obligé chacun à réorienter sa pratique vers la création de valeur pour le client, le modèle de la banque privée « à la suisse » ne semble guère se remettre en cause, alors que marges et parts de marché s’érodent !
Géant aux pieds d’argile, la Suisse possède pourtant les atouts pour faire la course en tête, riche de ressources humaines hyper compétentes et internationales, de savoir-faire éprouvés, d’outils IT inégalés, ou encore d’une stabilité et d’une réputation que rien ne paraît devoir éroder.
Mais la disruption ne semble pas être le fort de la patrie de la gestion de fortune. Le multi family office indépendant ne s’y pratique encore que de façon marginale, ou sous une forme, si peu indépendante (!), cantonnée à la gestion de portefeuilles, rebaptisant ainsi simplement une prestation historique sans y apporter d’évolution.
Le conseil, la transparence et l’alignement d’intérêts ne sont pas encore au cœur des réflexions stratégiques. Nul doute que cela viendra, car la Suisse est par essence le lieu de prédilection pour installer le centre de gravité de grands patrimoines privés. Mais il faut alors savoir proposer une véritable prestation de conseil, d’expertise et d’accompagnement, à l’abri des conflits d’intérêts.
Un modèle que MJ&Cie connaît bien pour en avoir été le précurseur en Europe à l’aube du 21e siècle !