Actualité fiscale - Pratique

À toute chose malheur peut être bon

décembre 2023 | PRATIQUE

La guerre en Ukraine a semé la panique chez beaucoup d’agriculteurs et d’investisseurs en commodities.

Producteurs majeurs de fertilisants, Russie et Ukraine exportent dans des conditions beaucoup plus difficiles et à des prix très différents du passé. La première est sous sanctions depuis 2014. La seconde a subi un énième coup dur avec la mort de l’accord céréalier, en septembre 2023. Si les prix des engrais traditionnels ont entamé une décrue progressive après un pic en avril 2022, ils restent néanmoins particulièrement instables.

Ces turbulences pourraient avoir un effet inattendu en accélérant la décarbonation du marché. Car, ces engrais chimiques, champions en matière d’émissions de CO2, se faisant de plus en plus rares, agriculteurs et entreprises se tournent vers des alternatives organiques telles que le compost, le fumier, les résidus de culture… ou même l’urine ! Selon une récente analyse de Precedence Research, le marché mondial des fertilisants verts a le vent en poupe et pourrait représenter plus de $5 milliards d’ici 2028.

Dans ce contexte, plusieurs acteurs émergent : l’agrotech girondine Toopi, qui a levé €6 millions depuis 2019, ou encore les biotechs Evolva et Grace Breeding, qui ont annoncé la mutualisation de leur chaine pour produire des fertilisants végétaux capables de capter le nitrogène.

Ces évènements pourraient donc accélérer la transition de la filière agricole et favoriser le développement d’une nouvelle niche dans l’investissement durable. Même si, pour l’heure, ces technologies conservent un caractère expérimental. Et ce mouvement dépend largement du prix des matières premières dont la volatilité n’est pas près de disparaitre ! Ni aubaine ou arlésienne, ce conflit pourrait se révéler un triste accélérateur d’une évolution nécessaire et inéluctable.