En décembre 2022, les législateurs de l’Union européenne réformaient le système d’échange de quotas d’émission (SEQE). Sans équivalent dans le monde, ce marché repose sur l’allocation, par les Etats membres, de quotas de carbone aux industries polluantes. Si l’entreprise émet plus de CO2 que prévu, elle rachète des « droits à polluer ». Sinon, elle revend ceux qu’elle n’a pas épuisés.
Clair comme de l’eau de roche en apparence, ce tableau masque une réalité plus complexe. Le (très) jeune marché, mis sur pied en 2005, s’expose en effet aux fuites de carbone : en l’absence d’accord mondial, les mauvais élèves sont incités à délocaliser leurs activités polluantes.
De fait, un système parallèle de « crédits carbones » a vu le jour dès le début des années 2000. Des sociétés émettent des certificats de suppression de CO2 sur la base de projets de captation. Or, plusieurs controverses ont entaché ce marché de la compensation. Le Guardian affirmait en septembre 2023, que neuf crédits carbone sur dix délivrés par le principal organisme de certification, Verra, n’avaient pas d’effets bénéfiques pour le climat. Plus récemment, le leader suisse de la compensation, South Pole, était épinglé dans les médias sur la viabilité d’un projet de plantation forestière au Zimbabwe.
Les tentatives de donner un prix au carbone, afin d’encourager les sociétés à réduire ou compenser leur impact, ne manquent donc pas. Bien que remis en cause, ces systèmes n’en restent pas moins des opportunités d’investissement. Selon un rapport du fond de capital-risque CommerzVentures, les start-ups de la compensation carbone ont récolté 505 millions de dollars en 2022. Mais cette tendance résistera-t-elle aux controverses ?