Slowbalisation

mars 2019 | IDÉES

Si les problèmes de l’économie mondiale se résumaient à un animal, ce serait l’escargot. Du moins, si l’on en croit la couverture de l’hebdomadaire britannique The Economist du 26 janvier, où le gastéropode est à l’honneur. Au-dessus de sa coquille en forme de planisphère trône le mot « slowbalisation », contraction de slow (« lent » en anglais) et de globalisation.

Tel est le mal dont souffre le commerce mondial : il est devenu trop mou et trop lent. L’âge d’or de la mondialisation est derrière nous. Celle reposant sur l’intensification croissante des échanges, la baisse continue des coûts de transport et l’intégration toujours plus grande des chaînes de production. Après avoir grimpé de 39% à 61% du PIB mondial entre 1990 et 2008, le commerce international est retombé à 58% en 2018. Les investissements transfrontaliers des entreprises ont chuté de 3,5% à 1,3% du PIB entre 2007 et 2018.

Que s’est-il passé ? Les pistes d’explication ne manquent pas. Le coût des transports a cessé de baisser. L’industrie des pays émergents a suffisamment monté en gamme pour fournir les marchés locaux. Les services, plus difficilement exportables, prennent un poids croissant dans la plupart des économies. La hausse des salaires dans nombre de pays émergents limite peu à peu l’intérêt des délocalisations. S’ajoutent à cela les politiques de repli national entamées par plusieurs États, dans le sillage des États-Unis de Donald Trump.

Est-ce à dire que la slowbalisation est une malédiction ? Seulement si l’on oublie d’y voir une opportunité. Celle de corriger les excès de la mondialisation passée. Occasion, aussi, de mieux concilier protection de l’environnement et croissance. Mais, jusqu’ici, la volonté politique pour en tirer les conséquences et enclencher un véritable changement a manqué, aucun état n’étant prêt à risquer sa compétitivité pour, par exemple, relever la fiscalité des multinationales.

Certains d’entre eux viennent, malgré tout, de faire un petit pas. Le 29 janvier, l’OCDE a ainsi dévoilé un accord entre 127 pays visant à mieux taxer les GAFA dès 2020. L’objectif : assurer que les géants du web paient un juste niveau d’impôt là où ils réalisent leurs activités et bénéfices, au lieu d’y échapper en grande partie, comme aujourd’hui.

L’inflexion, quoique légère, semble suffisamment notable pour être relevée !