Finance « nominale »

mars 2019 | IDÉES

Selon une étude effectuée par la Cass Business School (City University of London), les prévisions de résultats des analystes financiers dont les noms de famille sont étrangers suscitent des réactions singulières sur le marché.

Les chercheurs de cette business school londonienne ont découvert que, à la suite des attaques terroristes du 11 septembre, les prévisions formulées par des analystes dont les noms de famille étaient à consonance moyen-orientale, engendraient de plus faibles réactions du marché. Ils ont également constaté qu’après l’opposition des gouvernements français et allemand à la guerre en Irak menée par les États-Unis, les prévisions d’analystes aux noms français ou allemands avaient été moins bien accueillies par le marché américain.

L’étude a été menée auprès d’un échantillon de 5 516 analystes et 6 495 sociétés sur la période 1996 -2014. Les chercheurs ont mesuré la préférence pour des noms de famille et se sont aidés des registres historiques d’immigration aux États-Unis pour identifier les pays d’origine des noms de famille. Ils se sont également servis des données de l’étude Gallup portant sur la cote de popularité des pays étrangers aux États-Unis.

Ces découvertes concordent avec la supposition selon laquelle les gens tirent naturellement des conclusions qu’ils souhaitent obtenir. Si les investisseurs voient favorablement un analyste en raison de son nom de famille, ils sont motivés à considérer les prévisions de ce dernier comme étant plus crédibles ou de meilleure qualité, car cela réduit l’incohérence désagréable entre leurs actes et leurs pensées.

Le nom de famille a aussi des incidences sur la carrière de l’analyste : à condition de fournir de bonnes prévisions de résultats, un analyste aurait plus de chances, si son nom de famille était apprécié, d’être élu en tant qu’analyste renommé et de survivre dans ce milieu même si sa maison de courtage faisait faillite ou faisait l’objet d’une fusion-acquisition.

Après la finance comportementale, va-t-on voir émerger la finance « nominale » ?