Il est l’or mon seignor

février 2019 | IDÉES

Comme chaque année, l’ONG Oxfam a publié son rapport sur les inégalités mondiales. Elle souligne une concentration toujours plus importante de la richesse.

D’après ce rapport, en 2018, 26 milliardaires détenaient autant d’argent que la moitié de l’humanité la plus pauvre. L’ONG invite ainsi les États à taxer davantage les plus aisés, car, d’après l’organisation, dans certains pays comme le Brésil ou le Royaume-Uni, les 10% les plus pauvres paient désormais des impôts plus élevés en proportion de leurs revenus que les plus riches.

L’organisation indique par exemple que le budget de santé de l’Éthiopie (110M d’habitants) correspond à 1% de la fortune de Jeff Bezos, patron d’Amazon et homme le plus riche au monde avec $112Mrd de patrimoine.

De quoi donner des idées aux gouvernements du monde entier ?

Elizabeth Warren, professeur de droit à Harvard et candidate déclarée aux primaires démocrates de 2020, vient de rendre public ce qui sera sans doute l’un des points clés de la campagne à venir, à savoir la création, pour la première fois aux États-Unis, d’un véritable impôt fédéral sur la fortune. Sa proposition impose un taux de 2% aux fortunes comprises entre $50M et $1Mrd, et de 3% au-delà. Le projet prévoit également une exit tax égale à 40% du patrimoine pour ceux qui choisiraient de quitter le pays et d’abandonner la citoyenneté états-unienne. La taxe s’appliquerait à tous les actifs, sans aucune exemption, avec des sanctions dissuasives pour les personnes et les gouvernements qui ne transmettraient pas les informations adéquates sur les actifs détenus à l’étranger.

Le débat ne fait que commencer, et le barème proposé pourrait encore être étendu et rendu plus progressif, avec des taux atteignant par exemple 5% à 10% par an pour les multimilliardaires. Ce qui est certain, c’est que la question de la justice fiscale sera au cœur de la campagne présidentielle de 2020. La représentante de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, a proposé un taux de 70% sur les plus hauts revenus, alors que Bernie Sanders défend un taux de 77% sur les plus hautes successions.

Si la proposition de Warren est la plus novatrice, les trois approches sont complémentaires et peuvent s’enrichir mutuellement.

Mais on peut surtout s’interroger sur le point de savoir si une répartition plus équilibrée doit nécessairement passer par la taxation ou plutôt par une évolution du mode de production qui permette une meilleure répartition des revenus.

Enrichir les pauvres ou appauvrir les riches, tout un programme.