La crise immobilière chinoise, amorcée par la politique des « trois lignes rouges » en 2020, continue de fragiliser ce secteur clé de l’économie. Ladite politique, visant à limiter l’endettement des promoteurs pour éviter une bulle, a précipité une série de défauts parmi les géants du secteur, comme Evergrande et Country Garden, dont les dettes cumulées dépassaient les 300 milliards de dollars.
En juillet 2024, les prix des logements neufs ont encore chuté de 4,9 % en glissement annuel, enregistrant leur treizième mois consécutif de baisse, un rythme inédit depuis 2015. Ce déclin prolongé met en évidence l’ampleur de la crise, malgré les efforts de relance de Pékin. Parmi les mesures, la suppression des planchers de taux hypothécaires et l’achat de logements invendus par les gouvernements locaux pour les rendre accessibles ont eu un impact jusque-là limité.
L’immobilier représente environ 60 000 milliards de dollars d’actifs, soit près de 30 % du PIB chinois, et constitue un moteur majeur de la consommation et de l’emploi. Sa crise affecte donc la stabilité économique du pays, avec des répercussions sur la croissance mondiale.
L’histoire des crises immobilières suggère que les redressements sont souvent longs. Après l’éclatement de la bulle immobilière dans les années 1990, la Suisse a mis près de dix ans pour retrouver ses niveaux d’avant-crise. Aux États-Unis, la reprise n’a commencé qu’en 2012, quatre ans après la crise des subprimes. Ces précédents laissent supposer que la Chine pourrait connaître une période de récession prolongée avant un redressement.
La reprise, qui dépendra de la capacité des autorités chinoises à conjuguer soutien immédiat et réformes structurelles, devrait se traduire par une stabilisation des prix, une réduction des stocks de logements invendus et un retour de la confiance des investisseurs. Certains analystes estiment que la situation pourrait commencer à se stabiliser d’ici 2025, mais de nombreuses inconnues demeurent.
La prudence reste donc de mise. Dans un contexte mondial marqué par l’incertitude géopolitique et économique, des tensions susceptibles de redoubler lors de l’arrivée de Trump en janvier prochain, les mois à venir seront cruciaux tant les conséquences de cette crise vont bien au-delà des frontières chinoises.