Les « blue bonds », cette nouvelle génération d’obligations dédiées à la protection des océans, suscitent un grand intérêt parmi les investisseurs désireux de financer la transition écologique. Derrière ce terme se cache une ambitieuse volonté : sauver le « Grand Bleu » tout en créant des opportunités économiques. L’objectif est vaste : protection des mangroves, décarbonation du secteur naval, développement de l’éolien offshore, lutte contre la surpêche et même désacidification des océans. Un programme ambitieux pour un secteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Les océans jouent un rôle majeur dans l’équilibre climatique, absorbant près de 30 % des émissions de CO₂. Leur importance pourrait bien donner un coup de pouce aux blue bonds, qui cherchent à rivaliser avec les obligations vertes. Le traité international « BBNJ » (biodiversité au-delà de la juridiction nationale), signé en septembre 2023, devrait poser un cadre incitatif pour le financement de projets maritimes.
Les promesses sont alléchantes, mais le marché reste timide. Entre 2018 et 2022, seulement 26 blue bonds ont été émises, totalisant 5 milliards d’euros — une goutte d’eau dans l’océan des marchés obligataires, où les obligations vertes pèsent des centaines de milliards. À ce jour, ces instruments financiers sont principalement émis par le secteur public, et une gouvernance claire et efficace pour la protection des océans peine à émerger.
Le besoin de standardisation est crucial. Comme pour les « green bonds », il est urgent de définir des méthodologies claires de mesure et de suivi des projets pour éviter les dérives du « bluewashing ». Ce marché est encore jeune, et son écosystème a donc besoin de maturation.
Si certains y voient déjà une alternative aux obligations vertes, il reste encore un long chemin à parcourir pour garantir leur crédibilité. Pour les investisseurs, il est nécessaire de procéder avec discernement et prudence, car il est difficile de savoir si cette « vague bleue » va se transformer en tsunami d’investissements ou rester une marée plus discrète.
Alors, les blue bonds vont-ils révolutionner l’investissement durable, ou seront-ils un mirage dans un océan d’incertitudes ? Le secteur parviendra-t-il à éviter le piège du « greenwashing » et à instaurer une gouvernance efficace ? À l’ère du réchauffement climatique, ces questions méritent une sérieuse considération.