SVB a-t-elle été victime du premier « bank run » d’origine numérique de l’histoire ?
On connait le pouvoir des grands réseaux numériques : mines de données pour les investisseurs, ils ont aussi la capacité de répandre une information ou un sentiment comme une traînée de poudre. Le tweet de Jason Calacanis, qui enjoignait sa communauté, le 12 mars 2023, d’être « absolument terrifiée » par les déboires de la banque californienne, est à cet égard un cas d’école. Lu par cinq millions d’utilisateurs, l’investisseur a alimenté un sentiment de panique alors qu’une crise de liquidités s’amorçait.
La diffusion éclair de l’information pose en outre la question de sa (véri)fiabilité. Une étude (1) du MIT affirme que les « fake news » se diffusent plus rapidement, en raison notamment de leur caractère sensationnaliste. À l’issue d’une analyse de près de 126 000 rumeurs publiées entre 2006 et 2017 sur Twitter, les auteurs concluaient que les fausses nouvelles avaient un pouvoir de propagation six fois supérieur à une information vérifiée !
Mais 140 caractères, diffusés sur l’« X » d’Elon Musk, n’expliquent évidemment pas à eux seuls la chute de SVB. La banque a été incapable d’anticiper la hausse des taux alors que son modèle en dépendait. Le rôle amplificateur des réseaux sociaux a simplement accéléré et aggravé le scénario, dans des proportions difficiles à évaluer. Les prochains « bank runs » pourraient aider à y voir plus clair…
Mais pour l’heure, ces risques illustrent la pertinence d’intégrer une approche ESG dans l’analyse d’un investissement, afin de réduire, entre autres, le risque réputationnel.
(1) “The spread of true and false news online”, Soroush Vosoughi, Deb Roy et Siman Aral, Mars 2018, https://www.science.org/doi/10.1126/science.aap9559