Le dernier rapport Global Wealth 2022 du BCG affirme que Hong Kong dépassera bientôt la Suisse en matière de gestion privée transfrontalière, mettant fin à plus de 200 ans de suprématie helvétique !
En 2021, la Suisse était leader avec 2,500 milliards de dollars d’actifs transfrontaliers. Hong Kong arrivait en seconde position avec 2,300 et Singapour en 3ème avec 1,500. En se basant sur les tendances passées, BCG estime que d’ici 2026, la croissance de Hong Kong oscillera entre 7 et 8%, contre 2,4% pour la Suisse. Et Singapour, fortement alimenté par des flux en provenance de Hong Kong, devrait progresser de 9 à 10%.
Cette tendance en Asie est soutenue par un afflux de capitaux en provenance de Chine continentale, qui produit des milliers de nouveaux millionnaires chaque année. Historiquement, Hong Kong est l’incontournable porte d’entrée vers la Chine. Bâtie sur un système de common law, la région disposait d’un cadre juridique solide et indépendant. Avec des taux d’imposition faibles et une absence de fiscalité sur les plus-values, la ville renforçait son attractivité auprès des investisseurs internationaux.
Cependant, la reprise en main par Pékin a pu entamer la confiance des investisseurs, en tout cas hors de Chine. Contrôle et surveillance, incertitudes juridique et règlementaire, pression fiscale directe ou indirecte grandissante, sont autant de manifestations concrètes de cette évolution, par laquelle les investisseurs voient leurs actifs basculer dans la sphère d’influence chinoise.
Au-delà de savoir-faire indéniables, et d’un positionnement de pivot entre Chine continentale et reste du monde, il n’est pas certain que Hong Kong, offre aujourd’hui tous les gages requis pour maintenir des flux réguliers et importants en provenance d’autres continents. Beaucoup pourraient trouver plus pertinent d’opter pour Singapour… ou la Suisse.
Si, dans les chiffres, alimentée par sa « maison mère », il est très probable que Hong Kong deviendra la première place de gestion privée transfrontalière, la ville aura du mal à tenir la comparaison en termes qualitatifs : stabilité politique, concentration et profondeur des expertises, transparence, ouverture et sécurité. Or sur le long terme, ces caractéristiques sont essentielles, particulièrement dans un monde où l’insécurité géopolitique explose.
Mais on peut aussi interroger le caractère transfrontalier de cette activité à l’avenir, si l’essentiel des capitaux provient du pays auquel Hong Kong a été « rattachée » !