La saga de la dématérialisation de la monnaie et des échanges se poursuit. Après les cryptomonnaies pensées hors du contrôle institutionnel, voici que les états eux-mêmes entrent dans la danse pour créer des cryptomonnaies… institutionnelles.
Ainsi, la Chine a programmé le lancement de sa nouvelle devise digitale pour la veille des prochains jeux olympiques d’hiver, qui auront lieu le 4 février 2022 à…. Pékin. Pas de recours à la blockchain pour ce « e-Yuan » cependant, qui reposera sur des technologies conventionnelles et nécessitera donc la participation des banques traditionnelles.
Mais l’Empire du Milieu n’est pas le seul à se lancer dans la numérisation de sa devise ; la BCE a lancé en juillet son projet d’« Euro numérique ». La Russie devrait débuter les tests de son prototype de plateforme numérique en Roubles en janvier 2022. Et la Banque centrale de Suède a présenté en avril dernier un premier rapport sur l’avancée de ses travaux sur un «e-Krona». Ce sont au total 86% des banques centrales mondiales qui sont actuellement en train d’étudier la question des devises digitales et 14% ont déjà lancé des projets pilotes.
Cependant, malgré les discours, une devise digitale n’est pas une crypto monnaie, puisque cette dernière se base sur la blockchain et n’est contrôlé que par la main invisible d’Adam Smith dans un monde décentralisé. La guerre s’accentue donc entre états et banques centrales soucieuses de maintenir leur contrôle et ces cryptomonnaies entièrement autonomes et limitées.
L’issue est loin d’être certaine. Le Bitcoin, par exemple, a déjà montré certaines limites en septembre dernier, lorsque son adoption en tant que devise officielle au Salvador l’a fait plonger de 17% en une seule journée ! Et l’Ether et le Cardano avaient connu une chute similaire ! La stabilité indispensable à une devise nationale parait donc encore difficilement compatible avec des monnaies aussi volatiles. Mais l’histoire ne s’écrit pas en un jour…