Le non coté outre-Rhin décembre 2025 — News

    Private equity outre-Rhin : démocratisation ou illusion ?

    À l’heure où l’épargne européenne cherche de nouveaux relais de performance, l’Allemagne voit émerger un mouvement nouveau : l’ouverture du non coté au grand public. Longtemps prudents face aux marchés financiers, les épargnants allemands deviennent aujourd’hui la nouvelle cible de ce secteur. De Deutsche Bank à Trade Republic, en passant par BlackRock, les initiatives se multiplient pour rendre le non coté accessible – avec des tickets d’entrée allant de 10 000 €… à 1 €.

    Cet engouement repose sur un double moteur. Les grands fonds cherchent à compenser la frilosité actuelle des investisseurs institutionnels, tandis que les banques allemandes veulent activer un gisement colossal : plus de 9 000 milliards d’euros d’actifs financiers, dont un tiers encore placés sur des dépôts à rendement minimal. Dans ce contexte, l’Allemagne rejoint les États-Unis et le Royaume-Uni dans cette vague annoncée de « démocratisation » du capital-investissement.

    Mais si les opportunités sont réelles (diversification, rendement potentiellement supérieur, contribution au financement de l’économie) les questions fondamentales demeurent. Car ces produits séduisent en affichant une volatilité quasi inexistante… une stabilité en trompe-l’œil qui masque le vrai risque : l’illiquidité. Pour des investisseurs peu avertis, la découverte peut être amère lorsqu’ils chercheront à récupérer leur épargne et constateront qu’ils ne le peuvent pas. Même les fonds evergreen, censés offrir une sortie plus souple, ne suffiront pas à résoudre le problème structurel de liquidité.

    Cette ouverture du non coté au grand public marque-t-elle une mutation durable ou une simple parenthèse ? Les fondamentaux – horizon long, absence de marché secondaire profond, complexité des valorisations – n’ont pas changé. Reste la question essentielle : ces actifs sont-ils véritablement adaptés à des profils non avertis ?

    Rendez-vous dans quelques années pour savoir si cette « démocratisation » est une révolution durable ou une illusion rattrapée par les réalités du marché.