Premier État doté d’une notation triple A à émettre des obligations vertes (emprunts émis pour financer des projets « verts » ayant un impact écologique positif), les Pays-Bas sont quasiment assurés du succès de l’opération qu’ils ont lancée en mai ! Le royaume, dont la dette publique devrait s’établir à 49,9 % du PIB cette année, entend récolter de 4 à €6Mrd dans un premier temps, pour porter ce montant à environ €10Mrd au cours des prochaines années. Le « greenbond » néerlandais aura une maturité de 20 ans et un taux de rendement (coupon) de 0,5%. Le gouvernement a fait appel à six banques, dont ABN Amro et HSBC, pour mener cette opération, qui cible notamment les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs à l’échelle internationale.
La mise en circulation de ces obligations s’inscrit dans la stratégie des Pays-Bas visant à réduire leur empreinte carbone. L’objectif fixé par La Haye prévoit une réduction de 49% des émissions de gaz à effet de serre du royaume d’ici à 2030, contre un objectif de 40% pour l’UE. Une ambition qui s’explique par le fait qu’une grande partie du pays se trouvant sous le niveau de la mer, le royaume est particulièrement vulnérable aux aléas climatiques.
Le gouvernement a donc choisi de pénétrer le marché des « greenbonds» à l’aide d’une émission qualifiée de « vert foncé ». Certifiée par la Climate Bond Initiative (CBI), cette première obligation verte néerlandaise est assortie de critères très stricts et vise à financer des projets qui contribuent à l’adaptation au changement climatique : renforcement des ouvrages de protection contre les inondations maritimes et fluviales, surveillance et gestion du niveau des eaux et optimisation de leur distribution. Mais également des projets dans les énergies renouvelables, l’isolation des habitations et l’amélioration du réseau ferré.
L’opération confirme le rôle moteur de l’Europe en matière d’émissions souveraines écologiques. En dehors du Vieux continent (Belgique, France, Irlande, Pologne), seuls l’Indonésie et Fidji ont émis des obligations d’État « vertes ».