Simplement plus intelligent

octobre 2024 | IDÉES

Qui d’autre que Daniel Kahneman pour parler des biais comportementaux en finance ? Le Prix Nobel et père fondateur de l’économie comportementale nous a quittés en mars 2024, propulsant son œuvre dans la postérité. Psychologie du jugement, ressorts de la prise de décision… ses recherches ont bouleversé les conceptions classiques de l’investissement. En déconstruisant le concept d’agent rationnel, Daniel Kahneman a levé le voile sur les biais cognitifs qui dictent nos décisions financières​.

S’il est une leçon à retenir de son œuvre, c’est que notre excès de confiance nous conduit à prendre des décisions qui défient la logique (toute ressemblance avec des personnages existants ne saurait être que fortuite !). Surestimer ses capacités et sous-estimer celles des autres est un travers bien humain. La National Library of Medecine révèle ainsi dans une étude[1] que deux américains sur trois se croient plus intelligents que la moyenne, une impossibilité statistique évidente ! Dans le domaine de l’investissement, cette vision biaisée du réel peut pousser à prendre des risques non-négligeables.

D’autant que d’autres biais cognitifs, tel le biais de confirmation ou celui dit des « coûts irrécupérables », aggravent cette irrationalité. Le premier conduit les investisseurs à privilégier les informations qui vont dans leur sens, évacuant au passage les opinions contradictoires. Quant au second, il définit la tendance des individus à rester engagés dans des investissements perdants au motif qu’ils ont investi du temps et de l’argent, refusant d’accepter une perte. En somme, les travaux de Daniel Kahneman révèlent à quel point les comportements humains peuvent dévier de la logique et du bon sens. Pour les investisseurs, la clé est d’accepter ces tendances naturelles pour mieux les maîtriser. En adoptant une approche plus réfléchie et analytique, l’impact des biais cognitifs doit pouvoir être minimisé, conduisant à des décisions plus rationnelles et sans doute plus profitables à long terme. Un peu d’introspection comme outil pour des décisions plus intelligentes ?


[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6029792/