Dans une lettre ouverte adressée aux candidats à la présidence américaine de 2020, intitulée It’s time to tax us more, un « club » de milliardaires, composé de 18 grandes fortunes américaines, plaide pour un impôt sur la fortune « modéré » pesant sur les 0.1% des Américains les plus riches.
Parmi les signataires figurent le financier George Soros, l’entrepreneur Chris Hughes (co-fondateur de Facebook) ou encore Arnold Hyatt ou Abigail Disney, héritiers des empires hôteliers et de divertissement éponymes.
3 arguments étayent notamment ce plaidoyer :
– La lutte contre le changement climatique
– Le soutien aux efforts de santé publique
– Un acte patriotique
Plusieurs candidats démocrates ont déjà abondé en ce sens. Elizabeth Warren souhaite par exemple taxer les foyers disposant de plus de $50M d’actifs (soit 75 000 familles). En dix ans, cet « ISF » pourrait rapporter près de $2750Mrd!
18 milliardaires, sur les 607 qu’il y a aux États-Unis, cela fait peu. 3% exactement, mais leur tribune a le mérite de proposer une idée concrète pour réduire les inégalités.
« Un impôt sur la fortune est juste, patriotique, bon pour l’économie, bon pour la santé des Américains, c’est un outil pour régler la crise climatique », lit-on. « Un impôt sur la fortune renforcera la liberté et la démocratie, car les inégalités nourrissent le mécontentement, la défiance, et pire».
Quand la chanson de Motorhead Manger les riches est sortie, il y a 30 ans, les 1% d’Américains les plus fortunés possédaient environ 10% de la richesse du pays. Aujourd’hui, 20%. Dans le même temps, selon une étude que vient de publier la réserve fédérale américaine, ces 1% les plus riches ont vu leur fortune augmenter de $21000Mrd, quand celles des 50% les plus pauvres a diminué de $900Mrd.
+21 000 d’un côté, -900 de l’autre. Triste bilan de 40 ans de baisse d’impôts initiée par Ronald Reagan, à l’époque où apparaissait l’IGF (impôt sur les grandes fortunes) en France. La croissance des inégalités est un phénomène mondial, en France comme ailleurs, mais les Américains font clairement la course en tête.
Alors qu’en France, on vient de le supprimer au nom d’un ruissellement espéré, outre-Atlantique au contraire, l’impôt sur la fortune s’apprête à devenir l’un des thèmes de campagne de la présidentielle, au nom d’un ruissellement qui n’a pas eu lieu. Ou pas dans le bon sens.
L’histoire (fiscale) ne serait-elle finalement qu’un éternel recommencement… ?