Entre 1980 et 2017, en Europe, le revenu moyen des 1% les plus riches a crû deux fois plus vite que celui des 50% les plus pauvres, selon une étude du Laboratoire sur les inégalités mondiales (WIL) publiée en avril. Une montée des inégalités qui s’observe dans la quasi-totalité des pays européens.
C’est à l’Est que les inégalités ont, en moyenne, le plus augmenté. Les écarts de revenus y ont explosé pendant la transition du socialisme au capitalisme dans les années 1990, les privatisations bénéficiant à une élite restreinte.
En Europe de l’Ouest, les 10% les plus fortunés gagnent, en moyenne, sept fois plus que les 50% les plus pauvres avant impôts, mais cinq fois plus après impôts, soit une baisse de 29%, selon les données du WIL. La correction est de 23% en Europe du Sud et du Nord, et de seulement 15% à l’Est. En effet, à l’ouest, les taux d’imposition sont souvent progressifs, plus élevés pour les hauts revenus, alors que de nombreux pays de l’Est, comme les pays baltes, la Bulgarie et la Roumanie, ont mis en place des impôts à taux unique. Parmi les pays les plus égalitaires, le Danemark présente les politiques fiscales parmi les plus progressives au monde, selon un rapport d’Oxfam et Development Finance International (DFI) publié fin 2018.
Les deux ONG classent le pays en tête de leur classement mondial des Etats engagés contre les inégalités.
L’Europe est, malgré tout, l’un des continents qui a le mieux résisté à la montée des inégalités de revenu. Elles ont, par exemple, beaucoup moins augmenté qu’aux États-Unis, notamment grâce à des systèmes éducatifs et de santé plus égalitaires. Les prestations sociales jouent aussi un grand rôle.
Depuis 1980, les revenus des 50% de personnes les plus modestes ont augmenté de 37% en Europe, alors qu’ils ont stagné aux États-Unis. A l’autre bout de l’échelle, les revenus des 0,01% les plus aisés ont augmenté de plus de 300% aux États-Unis, deux fois plus qu’en Europe.
L’écart est également visible à travers le coefficient de Gini (indice compris entre 0 et 100 qui évalue les inégalités de revenus) de 39 aux États-Unis selon l’OCDE, soit huit points de plus que celui de l’UE. La plupart des pays non-européens de l’OCDE ont d’ailleurs un coefficient supérieur à celui du vieux continent : 33 en Australie, 34 au Japon, 40 en Turquie, 46 au Mexique et jusqu’à 62 en Afrique du Sud. Seul le Canada (31) fait jeu égal avec les pays européens (32 pour la France et la Suisse).
A l’heure où le concept Europe est ébranlé, il est bon de constater que le caractère spécifique de la social-démocratie ou social-libéralisme permet de véritablement affirmer l’existence d’une « communauté européenne ».