L’incertitude macroéconomique n’a pas épargné le marché de l’art. Largement dépendants des financements publics et privés, instituts et jeunes artistes en ont été les premières victimes, voyant leurs ressources baisser brutalement. La hausse des taux a aussi évincé les investisseurs de certains segments de marché. Foires et ventes aux enchères ont été le théâtre d’une sélectivité beaucoup plus exigeante que ces dernières années !
Dans cet environnement maussade, les œuvres de premier plan affichent, a contrario, une santé insolente. Confirmé dans son statut de valeur refuge, l’art de qualité supérieure entre dans les portefeuilles d’investissement pour satisfaire les besoins de diversification. Pas étonnant, dès lors, que le segment ayant le mieux résisté aux turbulences du premier semestre 2023 soit celui des peintures d’après-guerre et contemporaines, dont les valeurs oscillent entre $500 000 et $5 millions.
Parallèlement, si l’engouement pour les NFT s’est heurté à la crise de confiance des cryptomonnaies, cette classe d’actifs a subi une correction à relativiser. Certaines catégories de NFT ont mieux résisté que d’autres ; c’est le cas des cryptopunks (collection représentant des personnages pixelisés créés par ordinateur), qui n’ont baissé « que » de 20% en un an, contre 61% pour les fameux singes de Bored Apes. Par ailleurs, de nouveaux segments, comme l’art par IA, sont en plein boom, avec certaines séries d’œuvres qui affichent des hausses à quatre chiffres.
Bulle ? S’il convient de rester prudent devant ces envolées susceptibles de se terminer en corrections brutales, la tendance de fond du marché des NFT, sur tous les segments, est à la concentration de la valeur vers les grandes collections. Ce qui devrait procurer aux investisseurs des opportunités certes moins volatiles, mais plus liquides.
Année charnière, 2024 dira si les collectionneurs et investisseurs avertis savent reconnaître la rareté de certains NFT. La capacité à naviguer entre les classiques intemporels et les nouvelles frontières de l’art numérique sera clé pour les stratégies de diversification. Elle requerra, à coup sûr, une analyse minutieuse des tendances actuelles, en particulier celles qui émergent.