Forte agitation au musée d’art moderne KUNSTEN de la ville d’Aalborg, au Danemark. Dans le cadre d’une exposition dédiée au futur du monde du travail, la vénérable institution avait prêté plus de €70’000 à l’artiste danois Jens Haaning. Une somme qui aurait dû se retrouver exposée, en cash, dans deux œuvres symbolisant la valeur donnée par la société contemporaine au travail. Quelle ne fut la surprise des employés muséaux lorsque, réceptionnant leur précieuse commande, ces derniers se retrouvèrent face à deux toiles… vides. Quelque part entre la commande et la livraison, l’œuvre avait trouvé son véritable nom : Take the money and run !
Pris à parti par le musée et sa direction, l’artiste est désormais sommé de rembourser la somme prêtée avant la fin de l’exposition, faute de quoi des mesures judiciaires seront prises. Mais Jens Haaning reste droit dans ses bottes : rendre l’argent, ce serait détruire son œuvre. Qu’il considère par ailleurs bien meilleure que celle commandée à l’origine, et qui illustre à ses yeux le besoin de remettre en question les structures auxquelles nous nous soumettons quotidiennement.
Le directeur du musée garde quant à lui une certaine bonhommie. S’il tient à être remboursé, ce dernier n’en reconnaît pas moins la charge symbolique de l’œuvre de Haaning, qui ouvre une réflexion plus générale sur le concept de rémunération, et en particulier celle des artistes. Mais également sur l’œuvre elle-même, qui peut prendre des formes réellement abstraites, voire immatérielles (comme le démontre la flambée des NFT).
Entre création artistique et rigueur budgétaire, la rencontre ne peut qu’être complexe…