Il y a beaucoup, et peu aussi, à dire sur la conjoncture financière en ce moment tant le manque de visibilité paralyse toute analyse.
De l’insouciance à la panique, de la complaisance à l’exagération, les marchés ont été mis K.O. par le Covid-19. La peur s’est propagée à l’ensemble de la population via un canal de contamination optimal : les médias. L’OMS appelle cela une infodémie. Ajoutons à cela des marchés où la gestion passive est désormais prépondérante, la gestion systématique gigantesque (la durée moyenne de détention d’un titre sur la bourse de Londres est inférieure à …. 1 seconde !), et on obtient une correction massive, amplifiée par des volumes inattendus, plongeant les marchés en territoire dit de bear market (ndlr, baisse supérieure à 20%).
Nous ne participerons pas ici à la propagation de l’infodémie, puisque nous ignorons pour l’instant encore beaucoup de cette crise et surtout de ses conséquences. L’incertitude est totale, chose que les marchés détestent.
Ce dont nous sommes persuadés en revanche, c’est que l’impact sur l’économie mondiale sera massif. La machine économique mondiale est quasiment à l’arrêt, du jamais vu. Les mesures prises par les différents gouvernements dépassent ce que l’on pouvait imaginer. Et ce n’est probablement pas terminé.
Il est trop tôt pour réaliser de quelconques pronostics, mais il semble certain que :
– les grands équilibres économiques et financiers seront durablement remis en cause,
– cette alerte sanitaire aura un impact majeur sur le comportement futur des agents économiques, ménages et entreprises,
– la synchronicité des mesures prises par les différents gouvernements et les banques centrales, pourrait en décupler l’impact (et c’est bien ici la nouveauté : le politique a pris le relais des autorités financières qui ne peuvent seules répondre à une telle urgence), à l’issue de la crise.
Les liquidités vont donc pleuvoir, c’est le fameux concept de « l’helicopter money ».
La question que se posent donc maintenant beaucoup d’investisseurs, est non pas de savoir s’ils doivent revenir en bourse, mais quand. D’une part, les mesures de soutien à l’économie sont nombreuses et très fortes, d’autre part les USA élisent cette année leur 46ème président, et Trump voudra se présenter à cette élection avec une machine économique relancée.
Par ailleurs, TINA est plus que jamais là (There Is No Alternative, ndlr newsletter T4 2019 de MJ & Cie) : Les investisseurs préfèreront le risque action au risque crédit !
Mais pour l’heure (fin mars), il convient de rester prudent et patient : les niveaux atteints par les marchés semblent attractifs, mais on ne peut exclure de nouveaux mouvements de baisse violente, tant qu’aucune visibilité n’est possible sur l’issue de la crise sanitaire (qui n’en est probablement qu’à ses prémices aux Etats Unis !). Patience et discipline seront donc indispensables pour revenir sur les marchés. Même si, pour les plus impatients, commencer à accumuler de belles valeurs, d’ores et déjà reconnues pour leur engagement responsable, ne peut être une erreur absolue sur le moyen et long terme.
Seule importe donc la sélectivité, en même temps qu’un horizon de temps long qui permettra de s’exonérer d’une volatilité court terme record et totalement irrationnelle.
Nul besoin de compliquer l’analyse en revenant par exemple sur la question du pétrole tant l’impact de la crise sanitaire a occulté le tournant que venait de prendre la guerre de l’or noir (les pays de l’OPEP ne s’étant pas entendu -probablement délibérément- sur des quotas, l’Arabie Saoudite avait décidé de baisser drastiquement ses prix, et d’inonder le marché. Avec un objectif limpide : mettre au tapis les producteurs de pétrole de schiste américain).
Ainsi, ce début d’année 2020 sera venu renforcer un vieil adage : le consensus sur les prévisions a toujours tort. Nous en profiterons pour rappeler deux autres adages, tout aussi vrais selon nous :
– il ne faut jamais céder à l’euphorie, ni à la panique,
– la diversification des actifs est clé.
Tout comme la capacité à s’inscrire dans le long terme !