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La santé malade ?

€900 millions. C’est le montant de la dépréciation que l’Allemand BioNTech va passer dans ses comptes au troisième trimestre, en raison de la baisse de ses stocks de vaccins contre le Covid. Un nouveau signal négatif pour la « pharma » qui fait suite à la fermeture médiatisée de l’unité de production Lonza/Moderna en Suisse. Après une période faste, le secteur fait face à la diminution des recettes liées aux produits anti-Covid, engendrant des performances boursières plus erratiques.

Un malheur ne venant jamais seul, de nombreux brevets pharmaceutiques lucratifs sont en passe d’expirer. D’ici à 2028, Moody’s estime que l’industrie essuiera jusqu’à $350 milliards de pertes (1). Des médicaments emblématiques tels que l’anticorps Humira (37% des revenus d’Abbvie) ou l’anti-inflammatoire Keytruda (40% des revenus de Merck hors produits anti-Covid) vont prochainement entrer dans le domaine public. Pfizer, Novartis et Roche n’échappent pas au phénomène, alors qu’une proposition de directive de la Commission européenne menace en plus de réduire la durée de protection des médicaments.

La « pharma » est-elle pour autant malade ? Devient-elle un secteur d’investissement à éviter ? Rien n’est moins sûr ! Tout d’abord, les pertes liées à ces expirations, qui concernent des produits biologiques plus difficiles à copier qu’une molécule classique, seront amorties sur le temps long. En effet, le délai de mise sur le marché d’un biosimilaire est sensiblement plus long que celui d’un générique classique. Mais surtout, les grandes sociétés pharmaceutiques ne se sont pas endormies sur les profits engrangés. Grâce à des investissements en R&D colossaux, de potentiels « game changer » devraient être commercialisés prochainement, matérialisant des avancées thérapeutiques majeures : vaccin oncologique ARNm en phase III, mise sur le marché d’un antidiabétique aux propriétés anti-obésité ou encore essor de la thérapie génique.

Grâce à ce pipeline, les « big pharma », qui ont fait le plein de liquidités pendant la pandémie, offrent des perspectives de croissance prometteuses. Et le secteur des petites et moyennes biotech fait ressortir des valorisations attrayantes à la faveur de l’instabilité de ces derniers temps. Les investisseurs devront néanmoins rester sélectifs, tant les disparités se sont accentuées et semblent devoir perdurer. Une navigation qui demandera prudence et conviction sur un horizon long. 

(1) « North America and Europe: Lower valuations, patent cliff pressures will drive uptick pharma M&A in 2023 » Moody’s, 30 mars 2023, https://www.moodys.com/research/doc–PBC_1360428

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