Site icon MJ et Cie family office

Dans l’étau des taux

Portée par les politiques expansionnistes qui ont suivi la crise des subprimes, l’industrie du private equity a longtemps prospéré sur l’abondance de liquidités. Quand les marchés actions faisaient pâle figure, le non coté, dopé par « l’argent gratuit », s’imposait comme un aimant toujours plus puissant.

Signe d’une euphorie persistante, le private equity a vu l’arrivée d’une clientèle de plus en plus « retail », en témoigne l’apparition de fonds nourriciers (feeder funds) et de plateformes qui « démocratisent » l’accès à ce type d’actifs. Les petits épargnants, parfois peu conscients des conséquences de l’illiquidité et de la qualité des fonds dans lesquels ils investissent, se voient proposer des tickets d’entrée dès 1000€.

Mais la hausse des taux, qui ne devraient pas rebaisser avant plusieurs trimestres, a amorcé un retournement de conjoncture, et peut-être mis fin à l’âge d’or du private equity. En tout cas temporairement. En France, l’indice trimestriel Aether FS Unitranche, qui mesure le prix de l’emprunt par tour de levier, s’établit à 1,61% au troisième trimestre 2023, soit son plus haut niveau depuis 2018.

Cette phase de contraction pourrait néanmoins avoir des vertus pour les investisseurs, en les incitant à orienter leurs capitaux vers les secteurs à forte croissance, telle que la transition climatique. Et, dure loi de la nature oblige, en évinçant les acteurs les plus fragiles. Selon l’enquête Global Investor Study 2023 de Schroders, 35% des investisseurs prévoient toujours d’augmenter leurs allocations aux actifs privés à deux ans, et 67% d’entre eux estiment que cette classe d’actifs offre les meilleures opportunités de participer aux tendances clés (transition énergétique, investissement d’impact, etc.).

Bien que pris dans l’étau des taux cette année, le private equity offre donc encore de belles perspectives à moyen et long terme.  Ce qui ne devra pas empêcher de rester particulièrement sélectif, pour éviter les risques de la « retailisation » mais aussi les éventuelles conséquences de l’hybridation de certains fonds offrant de la liquidité qui pourrait, à terme, nuire à leur gestion actif/passif.

Quitter la version mobile